Projet
Votre premier Janáček?
Mon amie qui n’a pas du tout l’oreille musicale et son moindre chant provoquait chaque fois un sourire, m’a raconté une de ses expériences de l’école primaire. Pendant le cours de musique qui était obligatoire pour tous les élèves, elle a été invitée à chanter par une professeur qui ne cachait pas son mépris pour son absence de talent musical parce qu’elle savait quel spectacle allait suivre, en disant „alors, viens chanter au tableau, Janáček!“ Pour quiconque, c’est une histoire amusante, pour d‘autre, elle est effrayante. Elle explique la relation entre une grande partie du public et les compositeurs, pas seulement ceux comme Janáček, mais aussi la musique classique en général. Grâce aux occasionnels efforts de vulgarisation, on présente sans le vouloir certaines parties des Quatres saisons, souvent dans un arrangement où l’orchestre de chambre est remplacé par de l’électronique et, dans meilleur des cas, complété par une soliste sexy avec un violon en plastique. Les tons de Vivaldi résonnent même entre les coups d’envoi des matches de hockey sur glace. D’une façon similaire, avec un grand plaisir, on abuse du thème du Carmina Burana. Grand O Fortuna est entendu par exemple lors de l’arrivée des finalistes des compétitions de Miss ou alors il accompagne un reportage de la télévision commerciale sur une réelle trágédie…
L’ironie ou l’ignorance?
L’enregistrement Čierna Zem est différent. Si vous l‘écoutez sans savoir qu’il s’agit de l’oeuvre de Leoš Janáček, vous allez vous dire – jolies chansons populaires. Au moment où vous allez continuer à l‘écouter plus attentivement, le motif populaire s‘approfondit et devient plus intéressant, parfois provocant. Et lorsque vous pretez attention aux textes, vous découvrez les destinées des nombreuses personnes réelles. Leur force combinée avec leur caractère mélodique revu par Janáček ainsi que leur interprétation actuelle peu conventionelle rendent certains moments extrêmement puissants, cette expérience devient alors inoubliable. Je crois que vous souhaiteriez revivre cette sensation et la partager avec vos amis. Peut-être certains morceaux vous inviteront à relire Un Bouquet/Kytice, l’oeuvre de Karel Jaromír Erben. De plus, je souhaiterais que la beauté des chansons et des balades qui ont été reccueillies et ajustées par Leoš Janáček, vous motive à découvrir d‘autres morceaux de ce génie. Cela vaut la peine de prendre ce chemin. En fin de compte, une grande recompense vous attend, la beauté et le contentement que seule la musique peut apporter.
Michal Javůrek, éditeur, 2008